Retour sur la 2éme diffusion du documentaire Les gamins de Saint Nazaire

Musée-Saint-Nazaire Baraquements

Rediffusion du documentaire Les gamins de Saint-Nazaire. Pas moins de 220 spectateurs présents et participatifs ont assisté à cette seconde projection au Cinéville de Saint Nazaire, en début de soirée le 2 juin dernier.

Enthousiastes à la fin de la projection du film, de nombreux sujets ont été abordés.

« Le petit Maroc » constituait le cœur historique de la cité avant d’être rasé entre 1946 et 1947, ce malgré le bon état de nombreuses maisons épargnées par les bombardements. 

Le centre-ville s’est alors déplacé à l’opposé du port, là où le foncier disponible pouvait répondre au développement socio-économique de la ville. 

Musée-Saint-Nazaire.bzh dans les années 50
Ecole Elementaire de Sautron

L’arrivée successive des Américains au cours des deux dernières guerres de 14-18 et 39-44 a modifié le rythme de la vie locale. Alors que certains habitants découvraient les premiers hommes noirs de leur vie, la jeunesse nazairienne découvrait les loisirs festifs avec les bals, danses au corps à corps très rapprochés, le chewing-gum, le chocolat… Des Nazairiennes ont fréquenté des soldats U.S mais aussi allemands et les enfants issus de ces liaisons ont pu vivre des conditions de vie difficiles une bonne partie de leur existence. 

Mémoire d’enfants, mémoire d’une ville.

Par la suite, jusqu’en soixante-cinq, période des Trente Glorieuses, des rivalités entre bandes de jeunes issues des différentes cités HLM faisaient rage avec des bagarres sur le champ de foire. L’un d’eux avait même eu l’oreille arrachée ! S’en est suivi parfois, voire souvent, le fléau de l’alcoolisme dans ces quartiers HLM avec des répercussions importantes sur les enfants.

La reconstruction s’est faite en urgence au regard de la destruction de l’habitat à plus des 2/3, nécessitant la construction de bungalows provenant majoritairement des Américains ou/et des Canadiens, selon les quartiers. Ils apportaient un confort très apprécié par les occupants, équipés de parquets en bois, de sanitaires…

Une spectatrice parle même de conditions de vie exceptionnelles.

Musée-Saint-Nazaire Baraquements
Enfants devant les baraquements

Un autre témoin qui habitait alors Saint Brévin, ancien apprenti de l’Ecole des Chantiers, se souvient avec émotion du drame concernant un de ces jeunes tué par le bombardement américain, alors qu’il s’était réfugié comme les autres dans un abri précaire, sujet que le film a d’ailleurs évoqué. 

Les enfants de la reconstruction.

D’autres intervenants ont évoqué et salué les enseignants de cette époque, très investis dans la réussite de leurs élèves. Bon nombre d’entre eux a acquis un métier qui leur a permis de vivre correctement, et même de pouvoir bénéficier de l’ascenseur social avec des postes à responsabilité importants.

Une spectatrice signale le livre ‘Et les phares se rallument’ (Saint-Nazaire 1945-1948), édité par la société Coop-Breiz, relatant d’importants faits de grève notamment aux chantiers navals, avec la présence de femmes et enfants sur le terre-plein de Penhoët. Comme en 1967 se sont ensuivies les premières grèves en France de mai 68. 

A la fin du débat, des jeunes sont venus pour demander de poursuivre avec un film sur les années post 62, faisant suite à la fin de la guerre d’Algérie. 

Musée Saint-Nazaire.bzh Enfants des Trente Glorieuses
Dans les ruines d’Après-Guerre

Un autre spectateur informe qu’il est en contact avec une association d’Oradour-sur-Glane et se demande si l’on pourrait se rapprocher de cette dernière, concernant les faits de guerre subis.

Pour clore le débat très riche de cette soirée, Jackez Lhéririer informe qu’il est monté sur Bruxelles, afin d’entrer en contact avec des représentants des instances européennes ; ceux-ci lui ont proposé de réaliser un documentaire avec l‘ensemble des villes martyres de France et d’Europe, condition pour pouvoir bénéficier de fonds européens pour… le film nazairien.

Enfin, Rémi Valais précise à l’assemblée que ce travail de réalisation s’est fait sur une période de trois ans et que le public pourra acquérir le film sur V.O.D., nouvelle technologie de pointe actuellement qui remplace les D.V.D. devenus obsolètes.

La salle s’est ensuite vidée avec un tonnerre d’applaudissements pour la qualité du travail réalisé.

Mon père avait alors 9 ans

💬 Témoignage de Soizic Bouyer M

Je me souviens de mon père me racontant que lorsqu’il avait neuf ans, dans la cour de la ferme à la Boisserpière, Saint Père en Retz, il levait des yeux inquiets quand passaient et grondaient dans le ciel les bombardiers alliés en route pour Saint Nazaire. On lui avait expliqué qu’ils allaient y lâcher leurs bombes… 

Tout près de là, à la Pichonnais – Lande Popine (St Père en Retz) et aux Bretèches (Saint Viaud), de jeunes aviateurs pour qui c’était souvent la première sortie ont péri, leur avion abattu par la DCA allemande. 

A la Pichonnais – Lande Popine : crash du Lancaster MKL W4257 le 2 avril 1943, où sept aviateurs alliés ont perdu la vie.

Aux Bretèches : crash du Hudson abattu le 21 décembre 1941, mort des quatre membres de l’équipage.

Des plaques et stèles commémoratives témoignent de ces tragiques évènements
Musée-Saint-Nazaire Bouyer Moreno
Soizic BOUYER M
Rédactrice
Musée-Saint-Nazaire.bzh logo

Soizic BOUYER M

Bruno CIDÈRE
& Christophe RICHARD

MUSEE-SAINT-NAZAIRE.BZH

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